A l’encre de la vigne, chaque légende feint d’avoir les pieds sur la terre qui lui ressemble et l’enracine. Ainsi de cette fiction, laquelle raconte ou reflète, à fleur d’imagination, l’histoire d’un petit garçon de ferme, rêvant de fortune, sur la route de Barbaste, remâchant son quignon rassis.
Ce petit garçon prendra l’uniforme des Chemins de Fer français sur la ligne de démarcation, sifflant un train lugubre entre deux fusillades. Mouillant son maillot de rugbyman, il déconcertera sa vie pour en émerger à la manière d’un personnage de Francis Scott Fitzgerald, transfiguré par une vendange pulpeuse comme un désir de femme.
Vous respirerez à plein nez l’atmosphère mi-cave, mi-bouchon d’un Bordeaux d’après-guerre, promenant son négoce sur les quais de Londres, tandis qu’à Paris, le concierge du Ritz ne se souviendra plus du nom que portait la dame mais saluera le monsieur d’un air entendu.
Vous suivrez le Berger jusqu’aux berges du fleuve que domine, l’été finissant, à perte de grappes, sous un ressac de nuages roses, la colline de Saint-Estèphe…
…Et vous ne rapporterez cette histoire à personne, de peur de ne plus y croire ou qu’elle ne vous échappe. M.P. |